1 mois avec le Fuji X-E2
Comme on dit souvent, « il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis » et dans le domaine technologique c’est particulièrement vrai, à moins d’être parfaitement obtus, tant les évolutions se suivent, à un rythme souvent effréné qu’on a parfois du mal à suivre même en baignant dans le domaine. Cette fois-ci cet adage peut s’appliquer à ma perception des boitiers hybrides. C’est un mot d’ailleurs très à la mode par les temps qui courent, et pas qu’en photo d’ailleurs, puisqu’on parle de Cloud Hybride (mélange de Cloud Privé et de Cloud Public) pour « l’informatique en nuage » (tabernacle ! 🙂 ), de moteur Hybride pour les voitures voire même de PC Hybride. Revenons à nos moutons cependant : après les compacts, les bridges et les reflex, voici venu le temps des … hybrides donc et non des rires et des chants (mais qu’est que je suis drôle quand je m’y mets !).
Début 2012 (soit déjà plus de 2 ans !) la sortie du Fuji X-Pro1 avait éveillé ma curiosité mais les limitations affichées de l’époque (ergonomie, AF, autonomie, etc) m’avaient convaincu que ce n’était pas fait pour moi. « Pas encore » aurais-je du dire. Car en 2 ans Fuji (et ses concurrents comme Olympus , Panasonic ou Sony) ont accompli des progrès remarquables ! A tel point que j’avais prévu lors de mon récent stage photo à New York, d’en profiter pour en ramener un (d’hybride) dans mes baguages, mais lequel, l’offre devenant assez étoffée ? C’est là que je me dois de remercier une seconde fois James Vil, l’organisateur de ce merveilleux stage à New York et désormais ami. En effet, à peine arrivé à l’aéroport je le vois sortir un Fuji X-E2 (l’un de ceux qui était dans ma shortlist) flambant neuf de sa sacoche ! Je lui parle de mon intérêt pour ce genre de boitier et là il n’y va pas par 4 chemins : « bah écoute Pascal, j’ai fais un comparatif avancé de l’offre en la matière, mon choix s’est porté sur celui-ci et franchement, de ce que j’ai commencé à en voir je suis bluffé« . Bon, si un type comme James me dit ça, je ne vois pas une seule raison pour ne pas le croire. J’ai confiance. Je le prends en main quelques minutes et le coup de coeur opère immédiatement : c’est très léger, c’est lumineux, ça pique fort (même avec le 18-55 f/2.8-4R OIS fourni dans le kit) et le bruit est remarquablement géré (à 6400 iso faut grossir à 100% pour distinguer quelque chose). De plus, le fait de tourner la bague, à l’ancienne, afin de régler l’ouverture du diaphragme est une sensation très agréable qui rappelle de bon souvenir. La stab de l’objectif permet de faire des photos nettes à 1/15 sec … Autonomie de 300 photos. What else ? Bon OK, le viseur électronique n’est pas encore top (celui du X-T1 par contre est un modèle du genre mais j’attends le X-T2 🙂 ) mais pas rédhibitoire et c’est décidé, il fera parti de mon bagage de retour; direction B&H le plus vite possible histoire de le tester à New York 😉 Pour 1050€ TTC le kit B&H contient une seconde batterie et une SD Card de SanDisk de 32 Go : très correct tout ça ! Premier test immédiatement dans un pub où l’on se boit une bière bien méritée. Première claque : la gestion du flash est juste bluffante ! Un autre bon point. L’interface me plait, elle est riche mais complète et bien organisée. Comme je ne suis pas du genre « lire la doc avant de jouer » je le manipule dans tous les sens et trouve vite mes marques. Bon, OK j’ai eu la chance que James me le paramètre (gestion du bruit, netteté, espace de couleurs, etc.) aux petits oignons directement après sa sortie de la boîte.
On sort pour faire quelques tests de portrait et là … seconde claque : la vache, il pique vraiment fort !
Ensuite petits tests d’exposition et d’AF en condition de lumière pas facile … c’est très très bon tout ça !
Je sens que je tombe amoureux (du X-E2 😉 ) … je décide donc de regarder ce que ça donne le lendemain à Central Park où je croise Marianna, joggueuse à la crinière de feu qui me propose de poser pour moi (ça ne se refuse pas !) puis où je m’essaye au paysage. Le soir, en retraversant le Brooklyn Bridge c’est photo de nuit. Sans (trop) de surprise le gaillard répond encore présent ! Caramba !
Puis un un petit N&B
Et en fin de séjour je décide de faire la dernière sortie sur la High Line avant de partir pour l’aéroport uniquement avec le X-E2, histoire de voyager léger. C’est super propre et je défie quiconque de faire la différence avec un boiter reflex. Car s’il y a des différences avec un reflex (et il y en a !), pour moi elles sont vraiment ailleurs (dans les cas d’usage mais j’y reviendrai plus loin) mais pas dans la qualité des clichés obtenus.
De retour à Paris, je cours m’acheter l’objectif XF 35 f/1.4R (équivalent 50mm 24×36 car je sais que je vais faire du portrait avec ce boitier). Oh mazette, quel piqué et surtout quel bokeh !
Reste un test supplémentaire à mes yeux. La rafale à 7 images/seconde est-elle une annonce marketing ou tient-elle toutes ses promesses ? L’épreuve des caisses à savon Red Bull me montre que c’est bien le cas, le suivi AF est très bon, sans pour autant atteindre celui d’un 1Dx ou d’un 5D Mk III, faudrait quand même pas pousser Mémé dans les orties, et permet de saisir des scènes avec des objets en déplacement rapide, continu de préférence (on a pas les 61 collimateurs du 1Dx ou 5D Mk III 😉 )
La question qui vient désormais naturellement à l’esprit est : « Bon alors ? je revends tout mon matériel reflex ? » La réponse n’est pas évidente et dépend des cas d’usages de chacun. Dans mon cas, la réponse est, pour le moment, clairement non, et ce pour plusieurs raisons :
- Je cherchais un deuxième boitier pour sécuriser mes prestations. Le fait que le X-E2 soit un appareil de qualité et surtout très léger me permet de shooter avec le 5D Mk III ET le X-E2 autour du cou sans me flinguer le dos et ça c’est essentiel !
- Le Canon 135 f/2 (quelle optique au passage, également achetée chez B&H) monté sur le 5D Mk III et le X-E2 équipé du 18-55 f/2.8-4 sont très complémentaires sur de la photo Corporate. Cette combinaison me permet de capturer des scènes générales et de faire des portraits volés afin de capter les expressions et les émotions, le tout en alternant très rapidement.
- Au delà de 200mm (300 eq. 24×36), point de salut pour le moment. Ca reste donc encore court pour de l’animalier, qui reste mon « domaine de plaisir » par nature dès que l’occasion se présente (retour d’expérience du Tamron 150-600 mm f/5-6.3 Di VC USD d’ici 2 à 3 semaines 😉 )
- En conditions de lumière difficile l’AF n’est pas au niveau d’un reflex Pro, ce qui peut être pénalisant dans certaines situations; mais en ce qui me concerne ça reste rare donc rien de vraiment rédhibitoire !
Pour autant, je connais des personnes autour de moi qui viennent de franchir le pas et de revendre leur « panoplie » Canon ou Nikon au complet, ce qui prouve bien que ça dépend des usages de chacun. Ensuite, après avoir passé 1 mois avec ce Fuji X-E2 (tout en continuant d’utiliser mon 5D Mk III), je suis désormais convaincu que le reflex va, à moyen termes, se limiter à des usages très spécifiques (comme le sport ou l’animalier) et que le marché de l’hybride nous réserve, dans les 3 ans qui viennent, une révolution qui va capter un grand nombre des utilisateurs actuels de reflex (pourquoi se faire ch…r à prendre un reflex, lourd et encombrant en voyage, alors qu’un hybride se fait oublier tout en couvrant désormais 90-95% des cas d’usage de l’utilisateur moyen ?). Bref, ça me fait penser au slogan de la pub de l’époque sur la Renault Clio : « elle a tout d’une grande ». Tout ? Pas encore, mais c’est une question de temps je pense. Pour conclure, le vrai changement qu’apporte ce type de boitier à mes yeux est que j’ai désormais avec moi 95% du temps un appareil photo performant, même si mon smartphone permettait jusqu’ici de palier ce manque de temps à autre mais honnêtement ce n’est pas comparable . Il est fourré au fond de mon sac et me permet de ne pas louper de beaux clichés imprévus, comme ceux-ci :
Dans 3 ans, j’aurai peut-être du mal à justifier l’achat d’un nouveau reflex ou le fait de garder mon reflex comme premier boitier mais ceci reste une autre histoire (à venir à ne pas en douter).
Tout comme vous, James m’a vanté les mérites du XE 2 et j’ai craqué au salon de la photo. Pour les mêmes raisons et je suis encore novice en photo, je souhaitais avoir un boitier quasiment 24 H / 24 sur moi et là je suis ravie. Il est léger, et reste un bon complément avec mon réflex. Si j’avais encore un doute, cette fois je ne l’ai plus. Merci de m’avoir convaincue d’avoir fait un bon choix.
Bonjour Nathalie,
Merci pour votre message et désolé de ne répondre que si tard (je suis passé complètement au travers).
J’espère qu’après quelques mois de pratique vous êtes toujours satisfaite de votre choix. Quant à moi ma « migration » vers Fuji va plus en s’accélérant qu’autre chose 😉 A suivre un prochain billet (en juin probablement).
Bonjour Pascal
Je viens de tomber sur votre site en cherchant des infos sur le Fuji xt2
Je possède un Fuji xe2 depuis 5 ans et suis très satisfait de ce boîtier avec le 18-55, 2.8-4
Aussi quand vous parlez des réglages et paramétrages au début de votre article pourriez vous donner les valeurs que vous avez utilisées ?
J’aimerais tenter l’aventure d’évoluer avec un 35 mm et changer la façon de photographier.
Merci
Jerome
Bonjour Jérôme,
En fait c’était des réglages pour commencer à faire quelques JPEG de test (on était en voyage sns moyen de post-traitement). En RAW tous les réglages du boitier relatifs à l’image ne servent à rien vu que c’est le logiciel de dématriage (Lightroom en l’occurence pour moi) qui interprète le RAW. Du coup, je vous avoue franchement que je ne m’en souviens plus car je shoote systématiquement en RAW (et que je n’ai plus mon X-E2 depuis longtemps en fait).
Cordialement,
Pascal